Édito
01/11/2008

Devoirs et dilemmes

Françoise May-Levin, conseiller médical à la Ligue contre le cancer

La maladie cancéreuse met sans cesse en jeu les grandes valeurs de l’existence. Si les malades et leurs proches sont violemment agressés et fragilisés, les soignants sont confrontés au lourd dilemme de devoir leur délivrer une information claire, loyale et complète qui peut être traumatisante. Mais cette information souvent mortifiante est essentielle pour le patient afin qu’il puisse pleinement participer au choix de son traitement.
Or, dans ces moments singuliers, la réceptivité du patient est mise à rude épreuve. La sidération est une composante importante trop souvent oubliée. Reste que l’équation déjà difficile à résoudre n’est pas encore totalement posée pour les soignants. N’est-ce pas aussi à eux de prendre en compte la souffrance et l’isolement des proches ? Ces proches que la majorité des malades associent à leur maladie, tandis que d’autres, pour diverses raisons, veulent les en tenir écartés.
Ce sont tous ces éléments qui doivent être pris en compte. Où se situe le soignant ? Jusqu’où peut-il aller dans l’information ? Et que dire quand le souhait du patient et celui de la famille sont en contradiction ?
Chaque jour apporte son lot de problèmes éthiques, c’est-à-dire n’entrant ni dans les règlements juridiques ni dans le cadre déontologique, définition même de l’éthique.
C’est pour cela que la Ligue contre le cancer, consciente de la multiplicité des problèmes et de leur complexité, a voulu constituer un groupe de réflexion composé d’experts dans divers domaines (médecins et soignants, psychologues, sociologues, juristes, chercheurs, etc.), ainsi que de patients et de proches.
Après quatre ans de travail, les principales conclusions ont été exposées lors du colloque éthique et cancer du 14 février dernier. À la suite de cette journée sont nés ce bulletin Éthique & cancer et le comité du même nom, coprésidé par les professeurs Axel Kahn et Francis Larra.
Le Comité éthique et cancer aura pour mission de répondre à toute saisine issue de personne physique et morale (malade, proche, soignant, professionnel de santé, chercheur, institution et laboratoire, etc.) confrontée à un problème éthique.