Édito
01/03/2009

Une responsabilité qui engage

Daniel Oppenheim, psychanalyste à l’IGR

Notre Comité éthique et cancer est saisi de situations complexes et difficiles. Il doit répondre, aussi justement que possible, aux questions qui lui sont posées, différencier en elles ce qui est plainte et demande de réparation d’un préjudice (réel ou ressenti), aider à la réflexion, ce qui contribue à apaiser une souffrance augmentée par le sentiment d’incompréhension, de colère ou d’impuissance. Pour aider ceux qui s’adressent à lui, il doit trouver le juste milieu entre l’émotion et la sympathie d’un côté, la rigueur de la réflexion de l’autre, qui peut être prise pour de la froideur. Il peut confirmer l’intuition qu’il y a eu un problème éthique ou contredire une certitude. Dans tous les cas, il s’appuie sur une connaissance précise et actuelle de l’état de la médecine, de ses possibilités et de ses limites, sur les traitements reconnus comme les plus adaptés pour une situation médicale précise et sur les lois du pays. Il s’adosse par ailleurs sur son expérience et celle des autres comités d’éthique, en France et à l’étranger. C’est sur ces éléments que son raisonnement, ses arguments, sa conclusion s’appuient et sont formulés. Les situations discutées sont toujours complexes et ne peuvent recevoir une réponse sous forme de « oui » ou « non », ou de qui a tort ou raison.
Sa composition variée lui évite le risque de défendre les patients contre les médecins, ou l’inverse ; ce ne serait l’intérêt de personne. Son objectif est, au contraire, de contribuer à ce que les questions complexes de la médecine actuelle soient aussi mieux saisies et mieux comprises par les patients et leurs proches, les soignants, nos concitoyens, loin des effets d’émotion ou de polémiques médiatisées et simplistes. C’est ainsi que son avis sera pris au sérieux par ceux qui l’ont saisi, même s’ils peuvent être parfois déçus par les conclusions.
Sa responsabilité est d’aider ceux qui l’ont saisi à réfléchir, pour prendre du recul par rapport à l’émotion ou pour agir, en leur donnant autant des éléments d’information qu’une méthode de réflexion, afin qu’ils ne restent pas enfermés dans leurs doutes ou leurs certitudes, leur révolte ou leur détresse. La responsabilité du comité d’éthique est également engagée à l’égard de tous ceux qui ont fait ou feront appel à lui (pour qu’ils aient confiance en sa compétence et sa rigueur), ou qui liront ses avis.