Saisine n°3

du 14 mai 2009

Quelles réponses apporter aux demandes de DPI pour une forme héréditaire de cancer ?

Saisine discutée

lors de la 3ème session plénière du Comité éthique et cancer du 2 février 2009

Rapporteur(s)

Patrick Gaudray et Dominique Stoppa-Lyonnet

Descriptif saisine

L’hôpital d’University College à Londres a annoncé en janvier 2009 la naissance d’une enfant non porteuse d’une mutation du gène BRCA1[1] et par là d’un risque majeur de cancer du sein et de l’ovaire. Après une étape de fécondation in vitro et l’analyse génétique d’une dizaine d’embryons ainsi obtenus, seul un embryon non porteur de la mutation génétique associée au haut risque de cancers et identifiée dans la famille du père a été transféré dans l’utérus de la mère[2].
Cette annonce, très médiatisée, de la naissance de ce bébé né après tri des embryons en raison d’un risque génétique a suscité un flux important de messages sur le forum de la Ligue, fait d’autant plus notable qu’inhabituel (les messages du forum proviennent souvent de patients ou de proches exprimant leur détresse, leur espoir ou désespoir, ou posant des questions sur leur pathologie).
Le contenu de ces messages est unanime et sans équivoque : tous clament leur indignation, parfois violente, devant cet «exploit scientifique». En effet, il est jugé et ressenti comme un renoncement à la lutte contre le cancer, donnant la préférence à la destruction de la vie plutôt qu’au combat contre la maladie et donc à l’espoir.
En France, le diagnostic biologique effectué à partir de cellules prélevées sur l’embryon conçu
in vitro, ou diagnostic préimplantatoire (DPI), est très encadré par la loi, et sa mise en œuvre est autorisée uniquement lorsqu’un couple présente une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une maladie génétique d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic. Les formes héréditaires de cancer peuvent-elles remplir les critères de gravité et d’incurabilité requis par la loi ?

 

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[1] BReast CAncer (breast pour « sein » en anglais).

[2] Rappelons qu’un groupe d’experts, réunis par la Ligue en octobre 2005, avait déjà réfléchi et anticipé ces pratiques. Cette réflexion avait inclus à la fois les plans scientifique et technique et abordé les dimensions humaines et sociales