Saisine n°6

du 14 novembre 2009

Quelles réponses apporter à une famille demandant de ne pas réveiller un patient de 80 ans atteint d’une vaste tumeur pancréatique évoluée au-dessus de toutes ressources thérapeutiques ?

Saisine discutée

lors de la 5ème session plénière du comité éthique et cancer du 11 septembre 2009

Personne(s) auditionné(es)

Dr Yves Boschetti, médecin coordonnateur EMSP, hôpitaux civils de Colmar

Rapporteur(s)

Corinne Archambeaud, François Goldwasser, Claudine Jourdain, Daniel Oppenheim

Descriptif saisine

Un homme âgé de 80 ans est hospitalisé pour une péritonite aiguë, alors qu’il était en parfaite santé jusqu’à présent, en dehors d’un amaigrissement et de douleurs dorsales survenues au cours des mois précédents. Lors de l’intervention qui est réalisée en urgence, le chirurgien découvre la présence d’une masse tumorale indécollable sur le pancréas, cause probable de la perforation, avec des disséminations hépatiques. La famille est informée de la situation et de l’absence d’option thérapeutique vis-à-vis du cancer découvert. Alors que l’anesthésiste est en train d’effectuer la procédure de réveil, l’épouse, accompagnée de ses deux fils et d’un petit-fils, supplie l’équipe médicale de ne pas réveiller le patient, considérant qu’il serait trop « cruel » qu’il reprenne conscience. Une réunion de l’ensemble de l’équipe médicale et de la famille est organisée en urgence. À cette occasion, l’équipe apprend que la fille du patient est décédée quelques mois auparavant d’un cancer des ovaires, à l’âge de 32 ans, avec des douleurs qui ont été difficilement contrôlées. L’un des fils explique qu’il est depuis en dépression et qu’il n’envisage pas de supporter de voir son père dans la même situation que sa sœur disparue. L’autre fils indique que sa propre épouse est actuellement traitée pour un cancer. Dans ce contexte émotionnel, la famille exprime une forte pression pour que le patient ne soit pas réveillé, sous-entendant de prolonger l’anesthésie jusqu’à son décès. Un médecin de l’équipe médicale saisit le comité pour connaître son avis à l’égard de la demande de cette famille.