Avis n°41

du 04 avril 2022
Cliniques situées à l’étranger prenant en charge des personnes souffrant d’un cancer en impasse thérapeutique : enjeux éthiques

Des personnes malades atteintes de cancer et pour lesquelles, en France, plus aucun traitement à visée curative n’est proposé, se tournent parfois vers des cliniques privées à l’étranger, souvent en Europe dans des pays limitrophes. Ces cliniques exercent sans convention avec les systèmes de sécurité sociale et répercutent sur les patients la totalité du coût très élevé des traitements et de la prise en charge, ce qui peut être parti­culièrement ruineux pour les malades.

Dans le cas d’une clinique allemande sur laquelle le Comité a pu réunir des témoignages, les traitements sont administrés par des oncologues certifiés et consistent en immunothérapies non prescrites en France parce que non reconnues (ou non encore reconnues) médicalement et/ou administrativement faute de validation scientifique dans ces indications. Des traitements complémentaires sont également proposés dont la composition n’est pas divulguée. Des malades, qui en témoignent, estiment devoir à ces traitements une rémission plus ou moins complète de leur cancer. Mais aucune évaluation vérifiable des résultats thérapeutiques de cette clinique n’est disponible : aucune publication sur ces traitements n’est faite ; aucune donnée scientifique n’est partagée avec la communauté médicale.

Bien que ce type de cliniques paraisse exercer en conformité avec les lois locales, l’opacité de leurs pratiques et l’absence d’évaluation vérifiable de leurs résultats thérapeutiques sont résolument contraires à l’éthique.

Le recours à ces cliniques pose aussi, de manière incidente, la question de l’accès, en France, aux médicaments en cours d’évaluation pour les personnes malades en situation d’impasse thérapeutique, et celle, plus globale, de l’accompagnement de ces personnes. Le Comité éthique et cancer estime que l’accès aux traitements en cours d’évaluation doit être amélioré afin d’éviter que des personnes malades en quête d’espoir à tout prix (aux sens propre et figuré) ne soient contraintes de se tourner vers ce type de clinique faute d’alternative. Et il rappelle avec force que, en tout état de cause, les malades qui ont recours à ces cliniques ne sauraient être abandonnés par leur médecin.