Saisine n°23

du 03 mai 2013

Désarroi d’une équipe soignante face à une patiente s’opposant à la divulgation de son état de santé auprès de ses proches

Saisine discutée

lors de la 17ème session plénière du Comité éthique et cancer du 16 janvier 2013

Rapporteur(s)

Philippe Bataille, Mario Di Palma et Olivia Ribardière

Descriptif saisine

Un infirmier en service d’oncologie fait face à une situation de soins qui pose dilemme au sein de son équipe soignante. Aussi, il souhaite recueillir le point de vue du Comité éthique et cancer sur un plan éthique, déontologique tout en ne négligeant pas l’aspect législatif en regard de cette situation clinique.
Il s’agit d’une patiente âgée de 45 ans hospitalisée depuis un mois qui est suivie pour un cancer de l’ovaire avec métastases pulmonaires. Elle a bénéficié de protocoles de cures de chimiothérapie terminées à ce jour.
Cette patiente est mariée et a deux enfants (11 et 7 ans). Ils rendent rarement visite à leur mère. La dernière visite remonte à une dizaine de jours, ils étaient accompagnés de la sœur de cette patiente. Ils ont découvert leur mère amaigrie et asthénique, dyspnéique mais cherchant à paraître confiante dans un futur retour à domicile.
Elle ne parle jamais de sa maladie, ni avec le personnel médical ou l’équipe soignante ni avec ses proches. Son mari ne s’est jamais présenté au service et la patiente refuse d’évoquer sa situation maritale. La seule personne présente est donc sa sœur.
Les enfants et la famille, tous sont tenus dans une totale ignorance de la situation de par sa volonté. Il est à souligner que son pronostic vital est engagé à court terme, mais celle-ci s’oppose absolument à toute révélation envers ses proches et refuse que le médecin en parle à sa famille. Elle dit vouloir rentrer à domicile, s’occuper de ses enfants et bientôt reprendre son travail d’hôtesse de caisse.
De plus, elle refuse de désigner une personne de confiance, de rencontrer une psychologue ou un membre de l’équipe mobile de soins palliatifs. Elle dit aller bien et n’avoir besoin de personne.
Elle a bénéficié d’un entretien privilégié avec le médecin oncologue et d’une consultation d’annonce. Elle accepte les traitements, a reçu toutes les informations sur la maladie, les traitements et les effets indésirables. Elle ne manifeste aucune opposition, aucune appréhension des traitements, actes et soins. Le médecin l’a toujours informée de l’évolution de son cancer, des métastases diffuses au niveau pulmonaire et de l’inefficacité du traitement antinéoplasique.
Lors des transmissions, il apparaît au sein de l’équipe soignante un certain désarroi et le souhait de voir le médecin passer outre les exigences de la patiente pour informer la sœur de celle-ci.
En effet, l’équipe soignante trouve que de ne pas dire exactement ce qui se passe à la famille et aux enfants est difficile à vivre. Une des collègues infirmière, en colère et émue à la fois, souhaite s’engager à prévenir la sœur de la patiente et à lui demander ce qu’il adviendra des enfants. Elle argumente sa décision en disant qu’il est important de s’inquiéter du devenir de ces enfants. Il est à noter que la fin prochaine de cette patiente déstabilise fortement l’équipe.