Pénurie d'immunoglobulines et incitations aux dons de plasma
Saisine discutée
La France et plus largement l’Europe sont confrontées depuis plusieurs années à une pénurie d’immunoglobulines humaines. Ces protéines sont issues des dons de sang et de plasma. Elles présentent un intérêt thérapeutique majeur dans de nombreuses indications. Elles servent notamment en prophylaxie des infections chez des malades immunodéprimés en raison de leur maladie et des traitements qu’ils reçoivent. Cela concerne en particulier les patients atteints de cancer.
La crise sanitaire de la Covid-19 a accru les tensions d’approvisionnement en immunoglobulines humaines, en raison d’une baisse des dons de sang et de plasma. Ces tensions sont également liées à une augmentation croissante des besoins : entre 2000 et 2020, le volume d’immunoglobulines humaines prescrites et utilisées dans le monde a ainsi été multiplié par cinq. De plus, le processus d’obtention des immunoglobulines est très long, compris entre sept et douze mois, et la durée de vie de ces produits est courte, généralement de deux à trois ans.
Ce contexte a conduit les autorités de santé à établir une hiérarchisation des indications dans l’utilisation des immunoglobulines humaines. Dans les faits, de nombreux patients atteints de cancer pour lesquels la prophylaxie des infections par immunoglobulines est nécessaire n’ont aujourd’hui plus accès à ces produits. Il n’est pas prévu par les autorités de santé et les industriels producteurs des médicaments dérivés du sang de retour à une situation de disponibilité des immunoglobulines permettant de répondre à l’ensemble des besoins avant au minimum 2025.
L’une des solutions à la situation présente et à venir de la pénurie des immunoglobulines est de rendre plus attractive le don de plasma par aphérèse. Le don de sang et de plasma repose en France entièrement sur le don volontaire non rémunéré (ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, d’où sont d’ailleurs importés une partie des produits dérivés du sang utilisés en France). Sans remettre en cause ce principe, plusieurs options de « compensation » pour les donneurs pourraient être envisagées, qu’elles soient monétaires (par exemple, défraiement des transports pour se rendre sur le lieu du don et/ou du temps passé) ou pas : certains pays proposent ainsi une journée de congé payé le jour du don ou des billets permettant d’accéder à des activités culturelles : cinémas, musées, etc. L’octroi d’un avantage fiscal pour les donneurs réguliers pourrait également être envisagé.
L’association ELLyE, dans un souci d’éclairer sa mobilisation en faveur des malades pénalisés par cette pénurie, sollicite le Comité éthique et cancer afin de savoir dans quelle mesure de telles compensations pour les donneurs de plasma sont envisageables en France sur le plan éthique.