Saisine n°14

du 14 février 2011

De l’inéthiquité de l’annonce d’un pronostic de délai de décès

Saisine discutée

lors de la 10ème session plénière du Comité éthique et cancer du 10 janvier 2011

Personne(s) auditionné(es)

Chantal M., proche d’un patient

Rapporteur(s)

Francis Larra, Daniel Oppenheim, Claudine Jourdain, Christiane Étévé

Descriptif saisine

En mai 2010, l’oncologue d’un centre hospitalier annonce très froidement au père de famille dont il assure la prise en charge qu’« il n’y a plus rien à faire », ne maintenant aucun espoir. Ce même oncologue émet quelques jours plus tard un pronostic de décès sous quinze jours au maximum. Cette “prévision” est uniquement donnée à la conjointe du patient, qui n’avait formulé aucune demande de cet ordre et s’est trouvée brutalement en possession d’une information terrible qu’elle ne pouvait dévoiler à son compagnon déjà terriblement fragilisé par l’annonce de l’arrêt définitif de la chimiothérapie. La mère, les enfants et les familles respectives ont vu leur relation avec le malade compromise par un travail de deuil engagé trop prématurément, deux mois s’étant en réalité écoulés avant le décès de ce père de famille. Les vies ainsi que les engagements personnels et professionnels se sont organisés autour de « ces quinze jours au maximum ».
Tous, y compris le patient, connaissaient la gravité de la maladie et savaient que l’issue fatale était proche et inéluctable. Cependant, sur quelles bases médicales ce pronostic de quinze jours au maximum s’appuie-t-il ? Ne doit-on pas y voir l’expression d’un sentiment de toute-puissance d’un médecin, en rupture avec toute éthique médicale ? Un médecin oncologue ne doit-il pas savoir pondérer ses dires, faire preuve d’humanité envers ses patients et leurs proches ?