Devoir de soins et disponibilité des moyens : problème de la transfusion sanguine
Saisine discutée
lors de la session plénière exceptionnelle du Comité éthique et cancer du 26 septembre 2014 et lors de la session plénière du 3 juin 2015
Personne(s) auditionné(es)
Dr Yves Boschetti, hôpitaux civils de Colmar, équipe mobile de soutien aux soins palliatifs et à l’accompagnement du centre Alsace
Rapporteur(s)
Descriptif saisine
Notre équipe mobile de soins palliatifs est appelée pour aider à la prise en charge d’un patient de 51 ans atteint d’une dissémination métastatique d’un adénocarcinome du recto-sigmoïde1 en évolutivité, au-delà de toute ressource thérapeutique. Il présente en particulier, une volumineuse masse tumorale distale2 de l’œsophage très hémorragique. Des gestes locaux ont été tentés (prothèses, etc.) et pensés (embolisation, radiothérapie hémostatique), sans succès. Depuis 3 mois, il est transfusé à raison de 20 à 30 culots globulaires par mois. Ces transfusions lui permettent de se déplacer, sortir du service pour profiter de son seul plaisir, fumer. Le patient s’interroge sur son avenir, avec angoisse, devant ce méléna3 persistant et l’évolution de sa maladie mais questionne l’équipe sur un retour possible à domicile.
En tant que médecin coordonnateur, je me suis interrogé souvent sur une question qui n’avait pas émergé du côté des médecins responsables de ce patient : « Peut-on invoquer le principe de justice pour mener une réflexion sur l’arrêt des transfusions sanguines, ressources épuisables venant de dons, lorsqu’elles n’apportent qu’un bénéfice à très court terme à ce patient ? Peut-on invoquer la disproportion ? Quelle place dans notre réflexion sur la question du don et de la ressource épuisable ? Quels auraient pu être les mots pour ce patient ? »